Au 1er janvier 2026, plusieurs mesures impactent les médicaments remboursés : ticket modérateur minimum, reclassement des IPP, adaptation des hypocholestérolémiants, contribution solidaire et extension du MAF.
Même si l’APB souligne qu’elles ont été pensées pour être indolores pour les officines – c’est-à-dire sans impact direct sur les marges –, elles vont néanmoins modifier les réactions des patients, la charge d’explication au comptoir et le rôle du pharmacien dans l’accompagnement.

C’est pourquoi cette note a deux objectifs :

1. Ce qu’il faut absolument anticiper, très concrètement,
2. Comment transformer ces évolutions en réelle opportunité de prévention et d’accompagnement, là où d’autres acteurs ne pourront pas suivre.

1.Ticket modérateur minimum : fini les médicaments “gratuits”. Anticipez les réactions au comptoir

Dès le 1er janvier, chaque médicament remboursable donnera lieu à un ticket modérateur minimal :

• 2 € pour les assurés ordinaires,
• 1 € pour les bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM).

Même les médicaments de catégorie A ne seront plus à 0 € pour le patient – sauf s’il est sous MAF et a atteint son plafond.

✔ Points d’attention URPC

• Anticiper les réactions négatives des patients (“c’était gratuit avant”).
• Préparer une communication courte, simple, apaisante.
  Exemple : « C’est une mesure nationale, mais je peux vous aider à optimiser votre traitement et vérifier que tout est toujours utile. »
• Former l’équipe à répondre de manière uniforme.
• Prévoir un affichage minimal pour réduire la pression au comptoir

Et pourquoi pas… transformer la plainte en ouverture ?

Un patient qui questionne le coût ouvre naturellement la porte pour :

• vérifier l’usage réel,

• évaluer la bonne observance,

• un échange hygiéno-diététique,

C’est la plus-value officinale par excellence.

Ce moment de friction économique = un moment de coaching santé.

2.IPP → passage en Cx : risque de mécontentement important

Les IPP en catégorie B passent en catégorie Cx dès le 1er janvier 2026, avec un ticket modérateur augmenté.

→ Leur ticket modérateur augmente fortement, mais ils restent pris en compte dans le MAF grâce à la nouvelle “contribution solidaire”.

✔ Points d’attention URPC

• Les patients sous IPP chronique sont souvent âgés, polypathologiques ou anxieux → réactions plus vives.
• Importance de préparer une phrase simple, non culpabilisante, non médicale.
• Anticiper le pic de questions au comptoir dès la première semaine de janvier.

Opportunité de prévention :

Un patient sous IPP depuis 3, 6 ou 12 mois…→ C’est souvent un signal d’alarme.

L’augmentation du coût permet d’engager une discussion pour :

• Vérifier l’indication initiale : “Pourquoi prenez-vous encore un IPP ?”

• “Depuis quand ? À quelle dose ?” Rappeler les durées recommandées

• “Quels symptômes restent présents ?” ,“Avez-vous essayé de réduire ?”
• Intégrer 5 conseils hygiéno-diététiques efficaces :
  • Surélever le buste la nuit
  • Éviter café/aliments gras/alcool le soir
  • Fractionner l’alimentation
  • Éviter les repas très tardifs
  • Ajuster le poids si IMC élevé
• Explorer les options disponibles en officine pour soulager les symptômes et orienter vers le médecin si une adaptation thérapeutique est envisagée.
• Sensibiliser les prescripteurs locaux : les patients se tourneront vers eux. Pourquoi ne pas envisager une CMP dédiée à ce thème dans votre zone ?

Valorisez votre rôle d’acteur de santé publique afin de vous démarquer de modèles de vente pure.

3.Statines & hypocholestérolémiants : changement de catégorie = hausse du TM pour certains

Les statines, l’ézétimibe et leurs associations changent de catégorie de remboursement pour certains patients :

• Prévention primaire sans comorbidité → passage de B à C
• Prévention primaire avec comorbidité → maintien en B (mais autorisation médecin-conseil)
• Hypercholestérolémie familiale → inchangé (A + autorisation)

✔ Points d’attention URPC

• Certains patients découvriront le changement au moment de payer.

• Le passage de B à C peut doubler le ticket modérateur.

• Risque de non-observance à cause du coût → anticiper et expliquer.
• Préparer l’équipe à repérer les profils concernés : Importance de rappeler ce que C signifie (symptomatique / TM plus élevé).

Ici aussi : une Opportunité de prévention cardiovasculaire

Un échange sur le coût peut introduire :

• Une explication quant au bénéfice réel du traitement,
• un rappel de l’importance de l’observance. Poser des questions ouvertes en mode coaching :

“Comment allez-vous avec ce traitement ?”

• un soutien motivationnel : “qu’est-ce qui vous aiderait à tenir votre traitement ?”.

• un mini-coaching hygiène de vie : “Votre médecin vous avait-il parlé de l’alimentation ?”
• un repérage des facteurs de risque (tabac, poids, sédentarité) : “Pratiquez-vous une activité physique régulière ?”

C’est un rôle que seule l’officine peut jouer au quotidien.

4.Contribution solidaire & extension du MAF : rassurer

Grâce à la “contribution solidaire”, les médicaments Cs et Cx seront désormais pris en compte dans le Maximum à Facturer ; ce qui n’était pas le cas avant.

 ✔ Points d’attention URPC

• Bien expliquer que l’augmentation immédiate est compensée sur l’année pour les foyers fragiles.
• Préparer une phrase rassurante pour expliquer que le surcoût immédiat se compense dans la durée:
  « Vous paierez un peu plus par boîte, mais ces coûts compteront pour votre plafond annuel. »

5.Impact sur les commandes de fin d’année : attention !

L’APB recommande une grande prudence dans les commandes des médicaments concernés avant les changements.

✔ Points d’attention URPC

• Anticiper les demandes d’explications plutôt que d’alourdir votre stock.

6.Une opportunité stratégique pour l’officine : se positionner comme expert de prévention

L’APB indique que ces mesures :

• n’affectent pas les marges officinales,
• n’entraînent pas de baisses de prix (contrairement aux années précédentes),
• n’impactent pas le chiffre d’affaires directement

MAIS,  cela va augmenter inévitablement fortement la charge de communication et d’explication en officine.

Et si les mesures 2026 créaient un moment unique pour vous ? Profitez-en pour :

• montrer votre valeur ajoutée réelle,
• adopter une posture « santé publique + coaching + proximité »,
• proposer un accompagnement personnalisé que ni la vente en ligne, ni les acteurs low-cost, ni le self-service ne peuvent reproduire.

Prévenir, ce n’est pas informer : c’est questionner.

Poser des questions d’orientation :

• “Depuis combien de temps prenez-vous ce médicament ?”
• “Quel est votre objectif santé en 2026 ?”
• “Qu’est-ce qui serait le plus difficile si on réduisait la dose ?”
• “Souhaiteriez-vous qu’on regarde ensemble les solutions hygiéno-diététiques possibles ?”

Ces questions permettent :

• Un repérage des usages inappropriés,
• Un coaching adhésion,
• La construction ou le maintien d’une relation de confiance,
• L’orientation du patient si nécessaire (et préparée).

7.En résumé – Les messages clés version URPC

✔ Dès janvier : plus aucun médicament remboursable n’est gratuit (sauf MAF atteint)

✔ IPP : coût augmenté → moment clé pour réévaluer le traitement, travailler le bon usage et renforcer l’hygiène de vie

✔ Statines : accompagnement dans l’observance + prévention cardiovasculaire

✔ Contribution solidaire : extension du MAF → rassurer les patients fragiles

✔ Officine : rôle renforcé de coaching, repérage, prévention

✔ Occasion stratégique de se distinguer par la qualité du conseil

L’enjeu est 100 % relationnel et organisationnel.